Cet article, imprégné de mon vécu personnel, est écrit pour t’aider à prendre conscience qu’il est non seulement légitime mais en plus vital, de croire en soi et de mener à bien son propre chemin, et notamment pendant la grossesse… Des voix s’élèvent de plus en plus pour dénoncer les violences obstétricales faites aux femmes, en particulier pendant l’accouchement. C’est un sujet tabou, qui cache derrière lui le fonctionnement de tout un système médical. Ce qui n’est peut-être pas fait dans l’unique but du soin et du bien être des femmes et des familles. Et si, pour notre bien, on osait sortir du cadre?
Quand on est enceinte, on est pas malade !
Et pourtant, à l’hôpital : climat anxiogène, infantilisation, zèle médical et déshumanisation, voir violences obstétricales… Peut être en as-tu entendu parler ?…
Bon moi, pour ma « première expérience d’accouchement », de la liste non exhaustive ci dessus, j’ai tout eu ! Si je vous parle « d’expérience », c’est parce que je n’arrive toujours pas à me dire que J’AI accouché.
Mais je te rassure de suite, c’est à moi que c’est arrivé, pas à toi… Pourquoi cela m’est arrivé ? Parce que je me suis sentie contrainte de rester dans le cadre. J’ai voulu avoir confiance dans le système au lieu d’aller là où j’avais envie d’être, et me faire confiance à MOI !
Voilà l’histoire
Je tombe à nouveau enceinte en 2011, après une première « banale » fausse couche. Forte de toutes mes connaissances autour de la naissance suite à mon projet de diplôme sur l’accouchement, je me renseigne sur la Maison de Naissance du CALM à Paris. Car la Maison de Naissance qui devait ouvrir près de chez moi, déjà à l’époque de mes études, n’existe toujours pas pour des raisons politiques… Hélas, le CALM est trop loin de notre domicile… Notre ascenseur trop petit pour faire passer une personne allongée. Cela exclut toute possibilité d’accoucher chez moi.
Je vais donc dans une maternité voisine qui me semble être une bonne piste… Et là, les dépassements d’honoraires me refroidissent. Je me dis que ce sera une grossesse sans risque, que cela ne justifie pas autant de frais, etc… Et je reviens a mon envie première de suivi de grossesse juste par une sage-femme.
La rencontre est agréable, le suivi très correct et répond plus ou moins à mes attentes. Mais les échographies sont à faire à l’hôpital.
L’hôpital anxiogène
Dès la 2ème écho : « Votre bébé est petit, son fémur est court, c’est pas NORMAL ». Comprendre : c’est pas dans nos courbes de normes. Là je leur ai demandé de me regarder ainsi que ma généalogie : petits, jambes courtes… Oui, et alors où est le problème? On est tous comme ça, dans nos deux familles. Mais dès lors, plus de raisonnement logique de la part de l’équipe médicale. J’ai l’impression de branle bas de combat avec la mise en place de leur systématique prise en charge pour limiter les « risques »… Risques de quoi? Je ne saurai toujours pas… le risque de vivre peut-être??? Je limite ici les détails bien trop longs du suivi de grossesse, très loin du calme avec ma sage-femme.
Ce zèle médical, anxiogène et qui me paraissait injustifié, a fait plus de mal que de bien. Juste pour illustrer mon propos, lors des derniers monitorings auxquels j’ai dû me plier, les enregistrements montraient des rythmes cardiaques et des tensions qui s’envolaient dès qu’un représentant médical entrait simplement dans la pièce. Puis la porte refermée, moi à nouveau seule, tout revenait à la normale.
Une série de ratés…
Au final, « j’accepte » contrainte et forcée une césarienne « urgente » avant travail. Mais peut être pas si urgente que ça vu que personne ne m’attendait au bloc. Et que comme par hasard, un 10 août, ma gynéco n’est plus jamais revenue me voir ensuite… serait elle partie en weekend du 15 août??? En descendant au bloc opératoire, j’apprends que mon conjoint ne peut pas y entrer! Les choses qui se sont passées et dites dans ce bloc, dans l’irrespect le plus total envers moi, attachée, soumise, et seule, resteront pour moi. Toujours est-il que la sage-femme avant de partir, nous avait dit à mon homme et à moi : « Dans 20 minutes votre fille est là, et vous aurez tout oublié… ».
Résultat, ils ont oublié de prévenir le papa de la naissance de sa fille, et moi je pleurais tellement que je n’arrivais pas à voir mon bébé… Les séquelles psychiques d’une telle dépossession n’ont pas été simples à gérer. Heureusement, ma fille ressentait très bien ce que sa maman vivait, et a su s’adapter pour m’aider au mieux quand j’étais en réelle difficulté… Je peux vous jurer que c’est vrai ! Ceci a aussi été expérimenté avec ma deuxième fille…
4 ans et demi de psychothérapie avec le réseau de psychiatrie de périnatalité, une seconde grossesse et un accouchement plus tard, un vrai accouchement celui-ci, j’en suis sortie!!!
Le conseil est simple, et je t’invite vraiment à le suivre : Fais toi confiance, vas là où tu ressens le besoin d’être!
Ce qui veut dire que si c’est une voie « alternative » qui te parle pour ton accouchement, vas-y! Explore toutes les possibilités… Tout ce qui te fait du bien pendant la grossesse et tout ce qui te rend forte et sereine pour accoucher. Ce qui veut dire aussi que si c’est le cadre de l’hôpital qui te convient et te convient vraiment, pas simplement par manque de choix ou pour le côté pratique, alors il n’y a que TON choix qui est légitime !
Voilà pour la Théorie! En pratique : prendre en compte l’avis, les peurs et réticences de ton conjoint n’est pas non plus une mauvaise idée… Mais même si c’est son enfant autant que le tien, c’est TOI QUI ACCOUCHES, pas lui! Alors il va falloir discuter, lui expliquer tes ressentis, tes peurs, tes envies et tes priorités, écouter les siens. Voir lui aussi jusqu’où il est capable d’aller, ce qu’il est capable de voir, comment il se sent capable, ou non, de t’accompagner. Et tu verras, tu peux faire des miracles, et le papa peut aussi y être pour quelque chose !
Je reprends la suite de mon histoire, le chapitre « féérique » cette fois
Pour ma deuxième grossesse, impossible de faire table rase! Il faut composer avec les antécédents, mais hors de question d’avoir une autre césarienne, mon cerveau n’y survivrait pas! Le CALM est toujours trop loin et victime de son succès. Et toujours aucune autre Maison de Naissance à l’horizon. Je retourne à la 1ère maternité que j’avais visité, celle qui était « trop chère ». J’y passe voir mon amie qui a donné naissance le matin même à son deuxième. Je mets le côté financier de côté d’office. L’accueil par la secrétaire, qui a pris 45 minutes pour m’écouter et me guider vers les bonnes personnes, continue de me convaincre.
Parmi ces « bonnes personnes », rencontrées au fur et à mesure : une gynéco extraordinaire, une équipe toujours très agréable, une sage-femme ostéopathe, une sage-femme haptonome, une acuponctrice, une anesthésiste hypnothérapeute, un anesthésiste de garde très humain, une autre gynéco aux doigts de fée, et MOI !
Oui moi! Moi qui me suis accordé le crédit de mon ressenti, me suis accordé le droit de dire, discuter et imposer mes points de vue. Je me suis accordé le droit de tout faire pour m’aider moi même. J’en suis certaine, j’ai provoqué toutes ces rencontres formidables et qui ont tout changé! Et mon conjoint, entraîné dans mon tourbillon, un peu contre son gré parfois… Car la beauté de l’histoire c’est que c’est lui, grâce à l’haptonomie, qui a guidé de sa main la tête de notre enfant pour passer mon bassin et venir au monde…
Alors je te le répète encore, car on ne te le dira jamais assez : Tu es capable d’accoucher par toi même, fais confiance à ce que tu ressens, et ose sortir du cadre si besoin!
N’hésites pas à me faire part de ton expérience, tes questions et tes commentaires, j’y répondrai avec plaisir. Je te reparlerai de l’haptonomie, mais aussi du coût financier de l’accouchement, dans de prochains articles.
5 Commentaires
Merci pour ce témoignage ! Plus les témoignages sur les violences obstétricales seront nombreux, moins le sujet sera tabou je l’espère. Comme toi j’ai vécu un premier accouchement traumatisant avec en filigrane la phrase qui restera à jamais gravée dans ma tête « madame ma priorité ce n’est pas vous mais votre bébé ». Comme toi, pour mon deuxième accouchement je voulais être actrice de ce moment. J’ai eu la chance de pouvoir choisir une autre maternité proche de chez moi, labellisée IHAB, avec une équipe formidable et à l’écoute et nous avons vécu une naissance magique !
Je dis « la chance » car tout le monde n’a pas la possibilité de choisir malheureusement… en province, les possibilités sont beaucoup plus limitées qu’en région parisienne : dans mon département par exemple pas de maison de naissance et pas de sage-femme accompagnant les mamans pour accoucher à domicile. Donc la structure classique est la seule possibilité. Et avec la fermeture des petites maternités, les femmes n’ont pas d’autre choix que d’aller à la maternité la plus proche (ou devrais-je dire la moins loin) de chez elles. Et c’est bien ça le problème : quand les maisons de naissances vont-elles enfin se généraliser ? Quand les sages-femmes ne seront plus soumise à des frais d’assurance exorbitants dès qu’elles proposent un accouchement à domicile ? Tout ça est d’ordre politique… 🙁
Merci Justine d’oser témoigner aussi! Je suis tout à fais d’accord avec toi: le problème de fond est politique et faire changer les choses prend du temps. Aujourd’hui les Maisons de Naissances sont autorisées en France et plus seulement à l’essai. J’espère profondément qu’un jour proche les femmes seront libres de leur choix pour accoucher où elles le veulent, comme elles le veulent… Bravo à toi pour avoir dépasser une première expérience difficile et avoir pris les reines de ta vie de femme!
Bonjour Justine,
je suis heureuse de te lire… je l’ai déjà fait dès que j’ai eu ton commentaire, mais pas le moyen technique d’y répondre de suite. 2 choses m’ont frappé dans ton témoignage, qui vont me faire rebondir prochainement sur d’autres articles… L’impact des mots, et ce problème d’ordre politique.
Effectivement, il y a un véritable souci politique. Pour preuve, quand j’avais 18 ans, cette fameuse maison de naissance de Clamart avait déjà tous les moyens techniques d’ouvrir, et attendait juste les autorisations. J’ai 32 ans et elle les attend encore. Malgré pourtant des équipes et notamment une personnalité « Fer de lance » qui est le Professeur René Frydman, que je sais, pour l’avoir rencontré, être à la fois à fond pour la médicalisation lorsqu’il s’agit de pathologies (notamment PMA) mais aussi à fond pour laisser faire la nature quand il n’y a pas de souci.
Les études prouvent que le fonctionnement en maison de naissance seraient de plus financièrement plus effeicaces pour la Sécu. Et pourtant pas grand chose n’avance.
Le souci est que nous avons en France un système de soin hospitalo-centré, et une véritable toute puissance du Médecin, dont la parole est sacro-sainte. Et ce système, avec une sécu tout de même hyper efficace et pour peu discriminant, assoit cette suprématie. Donc si même les médecins stars ne sont pas entendus, c’est à nous de faire bouger les choses par de petits actes et paroles.
Il s’agit pour nous de « militer » pour un système alternatif, qui existe plus facilement dans d’autres pays, aussi pour de raisons financières car ce sont des systèmes privés lucratifs.
Alors soyons militantes, en commençant simplement par prendre soin de soi en allant chez l’ostéopathe par exemple… il y a quelques années, aucune mutuelle n’en aurait remboursé une séance. Au vu des effets préventifs bénéfiques, nombre d’entre elles en remboursent maintenant un forfait annuel pour toute la famille !
Il faut se bouger pour aller explorer les préparations à la naissance. Trop nombreuses sont les mamans encore qui n’estiment pas nécessaire d’y participer. Comment alors asseoir notre capacité en tant que mère qui accouche si l’on considère que, avec la péridurale et les médecins qui parent à toutes les situations maintenant, pas besoin de se préparer à un accouchement?
J’imagine bien que ce n’est pas ta façon de penser, mais c’est hélas aussi une réalité qui nous astreint encore plus au silence. Alors surtout il ne faut pas se taire, il faut oser discuter avec le personnel soignant, se renseigner, échanger pour exprimer nos besoins et nos ressentis, et trouver un compromis si besoin…
Mais pour pouvoir accoucher aussi de façon plus naturelle, il faudra aussi que les femmes, les familles, les médecins, puissent accepter que des fois, on y laisse ça peau.
Que donner la vie, c’est à dire risquer de vivre, c’est aussi risquer de mourir… et là le débat et les ressentis sont plus lourds de sens et de conséquences.
C’est là que j’étaie la deuxième chose qui me frappait dans ton témoignage : l’impact des mots. Je l’ai vécu également, pour mon accouchement et aussi pour ma 1ère fausse couche un an avant, les mots peuvent être d’une violence incroyable. Car dans un état de grossesse, où notre sensibilité est exponentielle, nos projections sont aussi démultipliées, et chaque mot, chaque phrase contient bien plus que son sens littéral, mais toutes nos histoires, nos projections, nos peurs, nos casseroles… La personne en face de nous ne peut absolument pas imaginer la résonance de ces mots pour nous, car celle-ci nous est unique, et hélas nous en sommes seuls responsables. Or effectivement nombre de personnels médicaux, qui le savent pourtant bien, ne tournent souvent pas leur langue dans leur bouche avant de parler… A qui la faute ???
Compliqué à déterminer. C’est aussi pour cela que parler, préciser, expliquer ses ressentis et dire pourquoi est extrèmement important. Et cela est valable, et légitime, autant dans la « seule maternité du coin » que dans n’importe quel suivi plus à l’écoute. A nous de nous faire violence aussi pour que l’on nous écoute…
Voilà, nous avons en tant que futur parent, du pain sur la planche !
Tu as fait ce qu’il fallait faire, aller où tu devais aller ! Bravo à toi d’avoir suivi ton instinct, dépassé ce moment douloureux pour en faire une force qui t’as transformée. Et surtout, fais passer le mot, insuffles cette puissance à toutes tes amies et tes connaissances !
Bonjour Adèle, merci pour ton témoignage. Tu as totalement raison, nous devons faire confiance en nos capacités !
Mon premier accouchement a également été traumatisant, naissance prématurée, péridurale forcée, allergie à cette péridurale et donc gros blocage, pour finir sur une épisiotomie pour laquelle on a omis de me demander mon avis, et une évacuation du placenta extrêmement douloureuse. Plus de 30h de travail et aucune nouvelle de mon bébé pendant les 6 heures suivant sa naissance (on me l’a enlevé tout de suite pour les soins et mise sous oxygène).
Nous sommes souvent infantilisées et considérées comme du bétail…
Je suis contente qui tu ai pu vivre ton deuxième accouchement sereinement.
je suis enceinte de 30 sa, j’espère également que cela se passera de la manière la plus naturelle et physiologique possible, dans le respect de nos désirs…
Bonjour Mary,
je suis ravie de te lire, et désolée de ce que tu as pu vivre précédemment. J’imagine que cette grossesse et surtout la perspective de la future naissance sont parfois en demi-teinte. J’espère que tu as pu trouver de nouveaux repères pour celle-ci. Il faut que tu puisses redevenir actrice, et en confiance. Pour cela si c’est possible, n’hésites pas à t’appuyer sur ton conjoint qui lui aussi va avoir besoin de s’affirmer et ne plus être encore plus laissé pour compte.
Je suis en train de préparer un gros article sur les préparations à l’accouchement, car quand je dis que j’ai mis pour mon deuxième accouchement toutes les chances de mon côté, ce n’est pas peu dire. J’ai donc pratiqué plein de préparations, j’ai pris contact avec plein de personnes bienveillantes et actrices elles aussi, et me suis constitué une vraie boîte à outils. Le fait d’avoir fait cela m’a permis de prendre du recul, de l’assurance, et d’en véhiculer aussi aux autres… Informée, mais en ayant mis les choses en pratique et en réseau, il aurait été plus difficile à qui que ce soit de me dire que je ne savais pas faire, que je n’étais pas compétente pour…
Mais j’ai aussi appris que quand on a vécu un trauma, il peut exister un syndrome post-traumatique, qui malgré tout ce que tu peux faire consciemment, en travail pratique et psychothérapie, peut complètement prendre le dessus. Si tu penses que cela peut être ton cas, je t’invite à en parler avec insistance autour de toi, et à trouver un professionnel hypnothérapeute, si possible qui a l’habitude du périnatal. Il faut voir en priorité chez les psychiatres, mais aussi chez les anesthésistes, car l’hypnose est une pratique pouvant remplacer l’anesthésie, et donc certains s’y forment à ces fins. Et un professionnel qui a cette approche est forcément quelqu’un qui sera plus sensible à une histoire comme la tienne. Pour pouvoir te sentir sereine et sûre et certaine au fond de toi que l’ancienne histoire ne te rattrapera pas, il me semble que ce soit la seule méthode efficace. Les autres types de préparation sont là ensuite pour pouvoir t’aider à vivre en conscience, confiance et lâcher-prise cette autre naissance. Entre autre pour moi l’haptonomie a définitivement aidé à écrire cette naissance pour ma fille, cette renaissance pour moi. Tu en sauras plus très bientôt.
J’espère donc pour toi que des portes se dessinent devant toi. Ouvre-les, défonce-les s’il le faut, mais vas-y, emprunte d’autres chemins : ceux que tu sens te mener à bon port.