La parentalité positive, consciente ou bienveillante, (appelles la comme tu veux) induit un comportement positif du parent envers son enfant. En pratique, on a beau se réclamer de ce type de parentalité, nous restons humains. Il n’est pas toujours évident d’avoir une réaction positive à tous les comportements de nos enfants… La parentalité positive vise la coopération, la réparation d’une « bêtise ». Bien que je préfère parler « d’expérimentation » ou « d’expérience » que d’une bêtise. La punition est donc la bête noire de la parentalité positive… Ok, mais que faire face à mon enfant en plein test avec les limites?
Et puis, il y a l’autre piège de la parentalité positive : la félicitation! Féliciter ton enfant, positiver tous ses faits et gestes, ça ne fait pas sens non plus…
Tu es un peu perdu aussi face à ce concept de parents positifs??? Allez, suis-moi, on va rentrer dans le vif du sujet. Pour cela on va explorer le cerveau de nos enfants et éclaircir ce qui se cache de vraiment sensé derrière la mode de la parentalité positive, bienveillante, consciente.
Pas de punition…
C’est quoi une punition? D’après le dictionnaire, une punition est ce que l’on fait subir à l’auteur d’une faute (non d’un crime ou d’un délit grave).
Punir un enfant c’est donc lui imposer la honte, le faire se sentir coupable. Pourquoi en rajouter une couche? L’enfant est déjà en train de vivre une de ses expériences qui tourne mal. Vivre cela est déjà un apprentissage pour lui, guidons-le pour qu’il en tire quelques chose pour le futur!
Pourquoi punir est vain?
Nos enfants sont en pleine construction cérébrale et ont besoin d’une représentation du monde et de ses limites. Pour pouvoir délimiter ce monde, il leur faut l’EXPÉRIMENTER! Voilà pourquoi vers l’âge de 2 ans nos chers petits anges se transforment souvent, pas toujours heureusement, en « terribles bambins ». En réalité, ils sont en train de passer à un stade supérieur et ont besoin de vivre et d’expérimenter par eux-mêmes. S’ils deviennent « terribles », c’est souvent que leurs besoins d’expériences et de faire les choses par eux-mêmes ne sont pas entendus voir sont contrariés. Et c’est là que la colère commence à s’exprimer!
Si tu m’as bien suivi, tu en sais assez aujourd’hui pour relativiser les « bêtises » de ton enfant et les voir comme un processus normal faisant parti de sa construction, de son développement. Il n’empêche, nous sommes bien d’accord que cela ne rend pas acceptable tous ses comportements et expériences! Alors comment réagir face à ce petit ange qui écrit au feutre sur le canapé, qui a cassé la vitre avec son ballon ou qui jette ses jouets au sol en refusant de les ranger?
Passons aux exemples de situations qui vont forcément te parler. Rien de mieux pour que tu puisses en tirer quelque chose à réinvestir en direct dans tes situations de vie avec ton enfant!
La mauvaise nouvelle…
Mais avant de commencer j’ai une mauvaise nouvelle pour toi… La construction cérébrale du cerveau de ton enfant n’est pas du tout mature vers l’âge de 5, 6 ans. Concrètement, le cerveau de ton enfant n’est pas capable de gérer ses émotions et de décider consciemment de faire une colère rien que pour t’embêter! Les études en neurosciences ont démontré que la partie du cerveau qui régule les émotions n’atteignait son total développement qu’à l’âge de 27 ans!!! De quoi remettre en perspective les « caprices » de nos enfants!
Bêtise = expérimentation
Un enfant ne se lève jamais le matin en se disant « Ah! aujourd’hui je vais ennuyer papa et maman toute la journée, ça va être chouette! » En fait un enfant ne fait pas de caprices, ne renverse pas son verre d’eau 6 fois de suite pour le plaisir de te voir crier! Un enfant teste ta réaction dans un contexte donné pour vérifier que ta réponse est bien toujours la même, pour trouver des réponses logiques au monde qui l’entoure. Et oui, il peut avoir besoin de le tester plusieurs fois et longtemps… surtout si la réponse qu’il obtient est une punition. Car une punition n’a rien de logique. Une punition ne l’aide pas à résoudre la situation. Elle est arbitraire et souvent sans aucun lien réel avec la « faute » commise.
Test and Learn
Un enfant qui met les doigts dans les prises, monte sur le canapé, mes un caillou dans sa bouche est en train d’expérimenter. Son cerveau est câblé pour cela : apprendre. Et l’apprentissage empirique est la façon naturelle d’apprendre pour un bébé et un jeune enfant. Je t’invite alors à considérer ceci, à voir en ton enfant un grand explorateur qui n’a pas les codes de survie de ce monde, ni la carte et la boussole pour voyager en toute sécurité. La boussole, ici, c’est toi.
Prenons l’exemple du verre d’eau : l’enfant renverse pour la 6ème fois son verre d’eau sur la table et il est puni par sa mère qui le prive de dessert pour son « mauvais » comportement! L’enfant va donc enregistrer : verre d’eau renversé=pas de dessert! Ça parait d’une logique imparable pour comprendre le monde !!!
Allons visiter une autre famille où un autre enfant de 4 ans renverse son verre d’eau pour la 1ère fois sur la table. Sa mère lui dit avec un ton de voix posé: « Ah, l’eau est sur la table! Je vais chercher l’éponge! » Elle se rend donc à la cuisine et va chercher une éponge. Elle lui montre comment éponger l’eau puis lui tend l’éponge pour qu’il fasse de même. Ce petit garçon va peut être renverser à nouveau l’eau sur la table et aura beaucoup de plaisir et de satisfaction à éponger cette eau. Il aura appris que l’eau renversée s’éponge!
Bien sûr, cela demande à nous, parents, de changer d’angle de vue. Le mieux est de lâcher prise sur l’éducation que nous avons reçue, ce que dit notre entourage, ce que la société véhicule comme modèle… Mais cela vaut la peine de s’éloigner petit à petit de nos vieux schémas pour suivre notre bon sens . Ainsi nous accompagnons nos enfants à devenir des adultes responsables de leur actes, non des obéissants!!!
« Crise » = « expression d’un besoin »
Prenons maintenant un exemple d’une situation où un enfant de 4 ans jette ses jouets au sol au lieu de ranger. Son père lui demande de ranger avec lui ses jouets, ils vont bientôt passer à table. Ce petit garçon refuse catégoriquement de ranger. Il continue de jeter ses peluches et figurines au sol tout en regardant son père dans les yeux. Là, n’importe quel parent va se dire, moi la première, que l’enfant veut le tester et que ce comportement est odieux. Le père se sentant désobéi, se fâche et demande plus fermement à l’enfant de ranger: « C’est l’heure, tu ne discutes pas, tu ranges et à table! ». L’enfant persiste dans son refus de coopérer, se roule par terre en criant. Alors son père finit par crier qu’il n’aura plus de jouet. Il l’emmène à table et ne lui adresse plus la parole pendant le repas, restant avec sa colère.
Résultat : L’enfant pour qui il était difficile de s’arrêter de jouer, reçoit le message de son père : peu importe ce que tu ressens, fais ce que JE veux. Et pire: si tu ne fais pas ce que je te demande, mon amour pour toi est remis en question car tu n’auras plus de jouet ni d’attention de ma part.
Je doute que cette situation apporte un repère à l’enfant sur la façon d’exprimer ses besoins ou comment arriver à les différer. De plus le lien entre parent et enfant est rompu. Si ce genre d’échanges se répètent régulièrement, ce lien risque fort de s’abimer de plus en plus…
Changeons d’angle
Rejouons exactement cette même scène avec un père qui est conscient que son enfant fait de son mieux pour s’exprimer avec ses propres possibilités. Ce petit garçon de 4 ans jette ses jouets au sol. Son père lui demande de ranger mais il refuse et continue à jeter ses jouets de plus belle. Son père lui dit: « Ah! Tu veux encore jouer, c’est ça? ». Le petit garçon acquiesce en fronçant les sourcils avec un air pas content du tout. Son père poursuit: « Je comprends, c’est tellement chouette de jouer avec ta figurine préférée! Allez, on range ensemble et tu gardes ta figurine à côté de toi pour manger? ».
Le fils se détend car il se sent compris et accepté tel qu’il est. Il se met à ranger avec son père et va à table. Pendant le repas, une fois que la colère de l’enfant est passée, son père en profite pour le guider à travers ses émotions: « Tu sais quand tu veux quelque chose, dit le moi avec des mots. Je suis là pour t’aider . Quand tu crie, je ne comprends pas ce que tu veux. »
Empathie et boussole
Cela peut paraître idyllique comme scénario, mais montrer de l’empathie envers ce que vit ton enfant est un remède à grand effet pour gérer ce genre de situation délicate. Cela demande de te mettre à la place de ton enfant: « Qu’est ce qu’il veut? Qu’est ce qu’il ressent dans cette situation? » Ton enfant aura appris qu’il peut compter sur toi, qu’il à le droit d’être en colère, qu’il peut l’exprimer avec des mots pour mieux se faire comprendre. Et votre lien est intact. Cela vaut la peine de respirer un grand coup avant de réagir face aux émotions « inadéquates » de nos enfants pour changer de point de vue. Tentons de mieux les comprendre pour les guider à travers ce fabuleux, mais complexe, panel des émotions humaines!
Pas de félicitation non plus?
Si souligner l’erreur n’est pas constructif, féliciter à outrance ne donne rien de bon non plus. Féliciter systématiquement ton enfant le rend dépendant de ton approbation. Il remet alors sa valeur à ton jugement et perd confiance en lui. Le féliciter sur ce qu’il est entrain d’accomplir l’empêche de se sentir aimer pour sa propre valeur, pour ce qu’il est et non pour ce qu’il fait de bien ou non. De plus, la félicitation est totalement subjective et laisse l’enfant à la merci de l’avis de chacun…
La description
Le mieux à faire lorsque tu es si fier de ton petit est de décrire ce qu’il a fait : « Le cube est dans la boîte ! », « Tu marches ! », « Les jouets sont rangés ! ». Si c’est un « Bravo » qui te démange la langue, lâche-le! Prononce le si, et seulement si, c’est vraiment ce que tu ressens. Mais soyons honnête, nous ne sommes pas subjugués par tous les dessins ou petites prouesses de nos enfants. Alors gardons les exclamations de joie et les félicitations pour les moments où elles viennent vraiment du cœur.
Et si ton enfant te montre pour la 3ème fois aujourd’hui, le dessin qu’il vient de faire spécialement pour toi, décris encore ce que tu vois : « Il y a beaucoup de vert. » ,« Le rond rouge est plus gros que le bleu » ou demande lui de te raconter son dessin s’il le veut ! Le principal est de porter sincèrement de l’intérêt à ton enfant afin qu’il se sente considéré. Il n’a pas besoin d’être jugé.
L’auto-évaluation
Une autre façon de transmettre ta joie de le voir réussir, ou s’améliorer, est de l’encourager à s’évaluer lui même: « Tu peux être fière de toi! » ou « Tu te sens comment d’avoir fait cela ? » lorsqu’il est plus grand. Tu vas ainsi l’aider à devenir son propre juge, le seul qui compte!
Trouver les ressources en toi
J’espère que cet article t’aura permis de trouver une direction à tester et expérimenter. Car tout cela reste à tester et à ressentir ; le plus important est de te respecter dans ces ressentis.
Si l’empathie pour ton enfant en pleine crise de rage ne te vient pas et que c’est ta colère qui monte, c’est ok! Si si, toi aussi tu as le droit d’être en colère, tu es humain. Dans ces moments là, où l’émotion prend le dessus, sors de la pièce. Éloigne-toi de ton enfant ou si cela n’est pas possible regarde ailleurs et respire un grand coup. Prend cette pause pour toi. Pour reconnaître que cette situation te met en rogne. Et fais la part des choses, car c’est bien la situation qui te met en rogne. Ne pas réussir à calmer ton enfant, ne pas réussir à lui éviter les crises de nerfs.
En réalité, tu n’y es pour rien, ton enfant n’est pas capable de gérer ses frustrations et ses émotions. Alors il va inévitablement, un jour ou l’autre, faire une « crise ». Il exprime son besoin comme cela car il n’a pas encore les mots pour le dire. Et toi, face à cette situation, tu n’as parfois pas les mots non plus! Et oui, du coup ta colère est là. On peut être un parent positif, conscient et bienveillant et être en colère! Le tout est de l’accepter et de traverser ton émotion, avant d’agir face à ton enfant. Et en ayant soufflé un grand coup avant d’agir, tu verras que tu trouveras plus facilement l’empathie et les mots qui vous mèneront ton enfant et toi, vers une plus grande compréhension, et un fonctionnement plus serein.
Ton réservoir à toi! La parentalité positive pour les parents aussi!
Si tu sens que c’est encore difficile d’aborder sereinement les comportement « inadéquates » de ton enfant c’est peut être que ton réservoir d’amour et d’énergie n’est pas assez rempli! Si cela te parle je t’invite à lire ces deux articles qui aident les parents à trouver du temps pour eux et à s’aligner avec leur niveau d’énergie. Bonne lecture et n’oublie pas que le socle de ta famille c’est toi alors prend soin de toi d’abord!!!
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