« L’accouchement c’est la chose la plus naturelle qui soit » alors pourquoi j’ai peur?
« Nos mères, nos grand-mères et nos arrières-grand-mères, nos voisines, nos amies, nos tantes, nos cousines, et des générations infinies de femmes avant nous sont passées par là. »
Pourtant, une fois enceinte, s’il y a bien quelque chose qui tracasse, c’est l’accouchement! C’est une grande étape de notre vie, inconnue et pleine de fantasmes. Éducation taboue lors de notre enfance, accouchement médicalisé et du coup régi par des hommes, idéalisation de la péridurale, tout ceci cultive le côté mystérieux du corps de la femme, en se gardant bien de lui transmettre les connaissances de son corps.
Alors, oui cette peur de l’accouchement existe bel et bien. On a peur de ne pas en être capable, peur d’avoir mal, peur de l’inconnu, peur de mourir parfois. Toutes ces peurs sont légitimes. Nos émotions, dont la peur, sont toutes là pour nous aider. Elles nous aiguiller face aux situations de notre vie, aux choix que nous avons à faire.
Je te propose alors d’écouter cette peur en toi et d’en tirer ta force pour donner naissance à ton bébé. Aujourd’hui, je te livre 3 techniques pour faire de cette peur une force. D’autres techniques suivront dans des articles publiés dans un avenir proche!
Technique n°1 – Parler pour exorciser tes peurs (par Morgane)
« J’ai peur, mais c’est ridicule puisque accoucher est naturel! »
Il n’y a pas de questions idiotes ou mauvaises!!! La moindre question, même le plus petit détail qui chatouille, doit être posée. Ce qui fait peur, c’est de ne pas savoir. Lorsque l’on ne sait pas, notre imaginaire se met à l’œuvre pour trouver des réponses. Notre cerveau ne fait pas la différence entre l’imaginaire et le réel. C’est parfois très bénéfique! Se répéter des affirmations positives telles que « mon corps est puissant et capable d’accoucher » ou « je suis prête dès maintenant pour donner naissance à mon enfant! » permet de se persuader et inscrire cette vérité imaginaire dans son esprit et ses cellules . Ces phrases sont le fruit de ton imagination, de ta projection. Pourtant si tu te les répètes régulièrement et avec conviction ces affirmations, ton cerveau va y croire et c’est une très bonne chose pour te sentir prête à donner naissance!
Mais revenons à la peur d’accoucher et au besoin de réponses rationnelles et concrètes pour calmer, adoucir la peur qui peut t’envahir. Que tu aies n’importe quelle peur au sujet de l’accouchement, n’hésite en aucun cas à poser tes questions et à exprimer tes peurs. Les consultations de suivi avec une sage femme, les cours de préparation à la naissance sont des temps privilégiés où tu as la possibilité de poser tes questions à des professionnels de la maternité, de la naissance. Si tu n’obtiens pas de réponses satisfaisantes, cherche tes réponses ailleurs.
Quand les réponses ne rassurent pas
Le monde médical de la naissance peut être très anxiogène et ne pas être rassurant mais plutôt alarmant. Dans ce cas écoute ce que les médecins ont a te dire et prend du recul. Connecte toi à ton ressenti pour ne pas forcément prendre à cœur un diagnostique, une présomption. Le corps médical est formé à la pathologie et devient de plus en plus préventif. Plus par peur de rater quelques chose et de se voir attaquer par la suite. En réalité, sauf maladie avérée, beaucoup d’inquiétudes ne sont pas fondées. Parfois c’est ton ostéopathe qui sera plus à l’écoute et enclin à t’accompagner à travers tes peurs.
Parfois le suivi classique à la maternité ne suffit pas à répondre à tes questions spécifiques. Dans ce cas, consulter une sage femme en cabinet, lire des livres sur le sujet, aller à un cours de chant prénatal peut t’aider à recueillir un point de vue différent et à obtenir les réponses rassurantes dont tu as besoin.
Quand l’entourage s’y met…
Je mettrais un bémol à chercher des réponses rassurantes auprès des copines déjà mamans et de ton entourage. Le vécu et ressenti de chacune est très personnel. Ce n’est pas forcément un bon indicateur pour toi, qui es unique. D’où l’idée de trouver des réponses auprès de spécialistes de la naissance qui sauront t’accompagner à travers tes peurs grâce à leurs connaissances et leur grande expérience. Il s’agit aussi de te mettre toi-même en confiance, en sachant que tu sauras oser dire, demander et faire ce dont tu auras besoin le jour J. Savoir que tu sauras mettre les autres a l’écoute pour t’accompagner…
Technique n°2 – Changer de point de vue (par Morgane)
Lorsque je suis tombée enceinte de ma première fille, j’étais fermement décidée à accoucher naturellement sans péridurale. Si tu veux en savoir plus sur mes motivations pour ce choix, c’est ici : « Pourquoi j’ai accouché en maison de naissance ». Je ne voulais pas d’une naissance médicalisée. Donc immanquablement je ne pouvais pas bénéficier d’une péridurale pour soulager la douleur des contractions. La douleur de l’accouchement, complètement inconnue et tant fantasmée à travers l’image que peuvent en renvoyer les médias, était ma plus grande peur les 5 premiers mois de la grossesse. Je n’y pensais pas tout le temps mais l’image d’une femme transpirant, hurlant, grimaçant me revenais souvent… J’avais une représentation de la douleur de l’accouchement comme quelque chose à combattre.
Vers le 5ème mois de grossesse, j’en parle à ma sage femme lors des rendez vous de suivi. Elle trouve les mots pour me rassurer et surtout m’expliquer que ma vision de la douleur de l’accouchement est erronée. La contraction va m’AIDER à faire sortir mon bébé. et non m’attaquer! Je n’ai pas à m’en défendre mais à l’accueillir et à la laisser faire son travail pour que son efficacité soit optimale. Plus je serai détendue lors de la contraction, plus mon bébé naîtra rapidement et donc moins je traverserai de contractions douloureuses. De plus elle m’explique que la douleur des contractions est ressentie différemment selon les femmes. Et surtout qu’il existe des moyens naturels pour minimiser le ressenti de la douleur. La douleur peut même laisser place à l’orgasme! Si si je t’assure ça arrive!
L’accouchement fait peur et surprend !
Wahou! quel revirement dans ma tête pour envisager ce moment qui m’effrayait tant! Résultat : À 7 mois de grossesse, je frétillais d’impatience! J’étais fin prête à donner naissance à ma fille, à vivre pleinement ce moment! La peur de l’accouchement avait laissé la place à la connaissance, la confiance en ma capacité d’accoucher. J’envisageai la douleur comme une aide positive!
On peut changer de point de vue sur la taille de son bassin, sur notre capacité à mettre au monde un bébé en siège, sur la position idéale que l’on envisageait pour accoucher…
Voilà pourquoi je t’encourage tant à trouver les bonnes personnes pour t’accompagner dans ton cheminement pendant la grossesse et la naissance. Ose parler de tout ce qui te tracasse et sois curieuse.
Technique n°3- Connaître ton corps : la physiologie et la psychologie de l’accouchement (par Adèle)
C’est bien connu, l’inconnu nous effraie. Alors connaître ton corps et ses mécanismes pour donner naissance est un levier extrêmement puissant pour faire reculer la peur de l’accouchement.
Pourquoi est-ce si « extraordinaire? Parce que c’est un événement rare (et précieux, et marquant) dans la vie d’une femme que d’accoucher… Voir et sentir ton corps s’ouvrir et se distendre de l’extérieur, et à la fois se contracter de l’intérieur, pour expulser ce bébé qui doit venir au monde. « Je retiens, je me sépare »….C’est assez incroyable d’imaginer qu’un corps puisse être aussi puissant pour donner la vie!
Ta peur, ton corps pendant l’accouchement
Des premières contractions, en passant par la perte des eaux, l’effacement et la dilatation du col de l’utérus, jusqu’à l’expulsion et la délivrance, le travail est un enchaînement physiologique, un chemin qui va t’amener toi, à être maman. Ton cheminement sera unique. Ton corps va vouloir s’aider lui même, prendre différentes positions, te préparer à l’écouter, à lui faire confiance et à lui « rendre » sa liberté de mouvement, de primalité, va faciliter la naissance de ton bébé.
Cette puissance est innée et instinctive, elle s’ancre au fond de toi. Pour te l’approprier, sentir cette puissance comme ta capacité, je t’invite à te renseigner avec un bon livre. Prendre le temps de saisir les informations, de les visualiser. Essaye de « scanner » ton corps mentalement, fait comme si tu ressentais déjà… Et tu verras que se révèlera à toi lorsqu’en plein travail, tu sentiras ton utérus s’ouvrir ou la tête de ton bébé descendre dans ton bassin, le fait que bien sûr, tu sais! Tu sais et tu sens ce qui se passe en toi. Tu sens et tu sais cette puissance et cette confiance. Tu sais que tu vas y arriver, à mettre au monde puis aimer et élever ce bébé. Peu importe que ce soit juste, ce qui importe c’est que ton ressenti aide au déroulement de cette naissance, à l’écriture de cette histoire.
Ta peur, ton esprit pendant l’accouchement
Mais je t’invite également à te renseigner sur le versant psychique d’un accouchement. L’accouchement te fait entrer dans un état de conscience modifié. En effet, le cerveau limbique, archaïque entre en suractivité, alors que le néocortex se met en veille. Les instincts primaires prennent les commandes. Le cerveau cherche à naviguer entre conscient, subconscient et inconscient pour notamment entrer en résonance avec ta propre naissance. En quelques heures, il ne se passe pas moins de 5 deuils différents que ton cerveau affronte et gère… Le mieux étant de le savoir, et savoir qu’il vaut mieux lâcher prise, passer en mode « primaire », et le laisser faire.
Essayer de ne pas laisser ton néocortex, c’est-à dire ta conscience de toi et tout ce qui se passe autour, court-circuiter tes instincts. Il s’agit de t’autoriser à te recroqueviller sur toi même, à revenir à ton intimité profonde. Ces deuils son nécessaires : « Je retiens, je me sépare ». Tu te sépare, te détache de ton bébé et de tous tes positionnements inconscients.
Ne sois donc pas apeurée, étonnée de ce fonctionnement psychique et de ses étapes différentes. Ils t’aideront à mieux ressentir et accepter tes émotions, qui seront fulgurantes, et à les laisser passer. Tu n’as pas le contrôle, car tes instincts savent à ce moment là mieux faire que toi… Pendant l’accouchement, l’idée est bien, de ne rien conscientiser, pour simplement laisser faire, se laisser entraîner par les flots.
Ce sont des deuils, et les deuils sont douloureux. Mais savoir que tu les vis va t’aider à comprendre que cela a un sens, et une fin.
La peur du chamboulement
J’ai pu hélas l’expérimenter lors d’une fausse couche d’un premier bébé très attendu. J’en étais à 3 mois de grossesse, et le perdre a été terriblement difficile. Mais savoir que je faisais surtout le deuil de mon statut de femme enceinte, et de l’idée d’une « date de naissance », d’idées de prénoms, de surnoms mignons… brefs de projets qui semblaient se préciser, cela m’a grandement aidé à ne pas perdre pied. Surtout face au personnel médical qui « minimise » un peu ce type d’évènement. Si on le regarde avec plus de froideur ce n’est médicalement pas très important, alors que c’est un ascenseur émotionnel à 30 étages!
En bref, ces émotions de l’accouchement, ces étapes de deuils successifs ultra rapides mettent en place la Matrescence: le lien à ton bébé, à ton nouveau toi, à ta nouvelle vie. Après avoir fait le deuil de ta grossesse et ton statut de femme enceinte, le deuil de ton statut d’enfant de tes parents pour passer au statut de parent de ton enfant, le deuil du bébé fantasmé pour trouver le bébé réel, le deuil de ton couple tel qu’il était, et le deuil du corps sexuel source de plaisir pour en connaître une dimension « douloureuse », mais surtout une dimension charnelle. Quand l’expression « la chair de ma chair » prend tout son sens, toi aussi, tu (re)nais!
Pour en savoir plus sur la Matrescence , attends l’article de la semaine prochaine!
La peur et la mémoire
Et pour finir, quelque chose que tu as sûrement déjà entendu : On oublie ensuite ! Je pense que c’est à la fois vrai, et faux. Car si le ressenti de ton accouchement te semble heureux (on parle là des émotions), quelque soit l’intensité physique, ta mémoire cellulaire, très malléables, va pouvoir elle aussi « teinter de douceur » le souvenir physique. A l’inverse, comme l’a vécu Adèle, un accouchement « pas douloureux », comme une césarienne avant travail, mais traumatique, peut laisser une cicatrice physique aussi douloureuse que la cicatrice mentale.
Alors plus tu seras proche de ta nature profonde pour accoucher, plus la peur de l’accouchement laissera place à la confiance en toi et à l’épanouissement pour ta nouvelle vie de maman.
Dis moi si cet article t’as aidé dans ton cheminement, dans ta confiance enta capacité d’accoucher! L’espace commentaire est à toi et je me ferai un plaisir de te répondre!
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