J’ai découvert cette notion, la Matrescence, il y a peu et ça a été comme une évidence ou plutôt une délivrance, un immense soulagement!!! Enfin j’entendais des mots qui résonnaient en moi si fort sans être compris! Ces mots définissaient les changements biologiques, neurologiques qui ont naturellement lieu dans le corps et le cerveau d’une femme qui devient mère. Oui Madame, tes sautes d’humeur, ta sensibilité, tes changements radicaux de valeurs, ta quête d’un nouveau sens, tes questionnements existentiels, tes doutes, tes peurs, tes pleurs sont un phénomène naturel dû aux changements que la maternité induit dans ton corps. Rien de plus, rien de moins.
Oui, je sais, ce n’est pas facile à croire… On nous à tellement dit qu’on était trop sensible, qu’on avait changé, comme un reproche (à peine?) déguisé. On a cru que cela n’arrivait qu’à nous, qu’on était pas normale. Ce sentiment de solitude, de colère, de frustration, de folie d’après la naissance ne devait être qu’une petit dépression du post-partum…
En fait, beaucoup de jeunes mamans vont consulter pour une dépression post partum mais n’en ont aucun symptôme clinique. Pourtant, il se passe bien quelque chose : la Matrescence!
Naissance de la Matrescence
Ce concept a été créé par une anthropologue américaine, Dana Raphael, dans les années 1970. Jusqu’à il y a encore quelques années, personne n’avait mis au grand jour cette notion qui mérite encore à être mieux connue et reconnue. Depuis les neurosciences n’ont fait que confirmer les mots de Dana.
En France, Clémentine Sarlat, journaliste Sport, a créé un podcast à ce sujet. Suite à sa propre expérience de Matrescence à la naissance de sa fille, elle a voulut mettre au grand jour cette étape de vie.
Aux États Unis, la psychiatre de la reproduction, Alexandra Sacks travaille à faire connaître au grand public cette phase naturelle de la naissance d’une mère. Elle a réalisé un TEDx. Aurélie Athan, professeure à l’université de psychologie de Colombia, dispense une formation diplomate sur la Matrescence. De quoi sensibiliser les futurs professionnels de la maternité à un autre regard sur les jeunes mères!
La Matrescence est la contraction du mot Maternité et du mot Adolescence.
L’adolescence, tu connais! Cette période assez ingrate pendant laquelle tu n’es plus tout à fait un enfant et pas encore un adulte… L’adolescence est une période de transition entre deux périodes de la vie. Elle donne lieu à de grands changements qui ont lieux aussi bien au niveau du corps que dans les méandres du cerveau. L’adolescence est teintée d’émotions intenses et de la recherche d’une nouvelle place à prendre dans le monde.
La maternité désigne toute la période dans la vie d’une femme où elle devient mère, de la grossesse jusqu’à…? Est ce que la maternité s’arrête un jour? Lorsque l’on devient mère c’est pour toujours non? Devenir mère, c’est le travail de toute une vie, c’est apprendre chaque jour à s’adapter à l’enfant que nous n’avions jamais connu jusqu’à maintenant, cet enfant en perpétuel évolution. Il nous pousse à créer notre propre maternité, notre propre façon d’être mère à chaque instant. Mais cela est particulièrement intense et déboussolant au moment de l’accouchement et dans les premiers mois qui suivent…
La Matrescence est donc la période de transition entre la vie de femme sans enfant et la vie de mère. Cette période de grands chamboulements est plus courte que l’adolescence. Elle commence au moment où l’on accouche et se poursuit après le post partum. Comme une adolescente, la jeune mère vit des grands changements corporels et cérébraux.
Les changements physiques d’une mère en devenir
- Les changements hormonaux : l’ocitocynes est sécrétée pour être focus sur le bébé. La jeune mère découvre qu’elle est responsable de la survie de son bébé. Son sommeil se modifie, devient plus léger toujours pour répondre aux besoins du bébé.
- Le changements des formes du corps sont inévitables. Après avoir apprivoisé ses rondeurs pendant toute la grossesse, il faut désormais, du jour au lendemain, faire avec un ventre vide, dégonflé, parfois incisé, une poitrine modifiée, les os du bassin, le périnée et l’utérus en plein réaménagement pour doucement reprendre leur nouvelle place. Le corps de la jeune maman ne reflète plus la femme d’alors, il est en pleine transition.
- Le post natal et les suites de couches amènent aussi la maman à apprivoiser son nouveau corps et s’adapter à ses capacités ou non. La cicatrisation du corps, la fatigue intense et inévitable des premiers temps avec bébé sont normales, mais pas facile à vivre.
- La mise en place de l’allaitement amène aussi sont lot de changements. L’allaitement au sein, même quand il est très motivé amène des difficultés surmontables mais pas moins déboussolantes. La poitrine a une nouvelle fonction. Et que le bébé soit allaité au biberon ou au sein, l’immense responsabilité de sa survie, pèse sur la maman souvent vite seule à la maison.
- La sexualité est à redécouvrir, recréer avec ce nouveau corps, la nouvelle personne que la maman est en train de devenir. L’équilibre du couple est bousculé, avec souvent un immense décalage de rythme quotidien, pas mal d’incompréhension de ce que vivent l’un et l’autre.
Les changements physiques d’une mère en devenir
- S’ajoute à ces changements physiques, des changements du cerveau. Certaines zones du cerveau s’activent pour développer les émotions entre autres. Cela afin que la maman ait des capacités d’empathie, de réponse aux besoins du bébé. Ces changements cérébraux sont aussi observés chez les pères lorsqu’ils s’impliquent tout de suite dans le quotidien du bébé. Les parents adoptifs vivent aussi ces activations des zones du cerveau. Ces changements ne concernent donc pas uniquement les mères mais bien les parents! La Matrescence n’est pas une maladie, elle est la période transitoire qui permet de devenir parent.
Avec tous ces bouleversements, la femme recherche sa nouvelle place dans le monde, dans sa famille, dans son couple. Elle est entrain de découvrir sa nouvelle identité. Cela est loin d’être confortable et inné! Mais surtout, et Alexandra Sacks l’explique très bien, la jeune maman se retrouve littéralement tiraillée entre ses hormones et son besoin d’exister pour elle même.
Je m’explique
L’ocytocine infuse dans son corps à la naissance et dès qu’elle a un contact physique avec son bébé. Cette hormone de l’amour lui permet d’être complètement focus sur son bébé qui dépend totalement d’elle. D’un autre côté, la jeune maman ressent le besoin vital de continuer sa vie pour elle. Elle désire reprendre ses activités de loisirs, son travail, ses relations de couple et amicales. Elle a besoin de se nourrir, de faire du sport, de prendre une douche par jour et d’aller au petit coin seule!!! Cette attraction et ce rejet simultané pour le bébé sont une phase normale de la Matrescence que connaissent toutes les mères.
Très peu de mamans le confient car on ne reconnait pas (encore!??) cette période comme faisant partie du processus naturel qui permet de devenir mère. Le risque à ne pas reconnaître la Matrescence est que la maman se sente inadéquate, incapable, mauvaise mère. Et avec le temps et la culpabilité, qu’elle développe une vraie dépression du post-partum.
La Matrescence, si on en parlait!
Alors je ne peux que te conseiller de parler de ce concept autour de toi. Tu peux raconter ton expérience de Matrescence même si cela était il y a des années. En parler rendra cette prise de conscience plus tangible pour toi et ton entourage. Car cela t’es bien arrivé et peut sûrement expliquer bien des différents, des incompréhensions traversées lors de tes premiers temps de maman. Ces incompréhensions ont peut être laissé des traces encore visibles dans ta vie d’aujourd’hui, avec ton conjoint, dans ta relation à toi même et à tes enfants…
En ouvrant la parole autour de la difficulté naturelle à s’incarner en tant que mère, tu donnes l’opportunité à d’autres mamans, futures mamans de traverser cette transition avec plus d’aisance. Encore plus, tu permets à son entourage de mieux la comprendre et la soutenir. Par dessus tout, tu soutien par ton partage une femme qui s’incarne en tant que mère et permet ainsi à son bébé de prendre sa juste place lui aussi!
Reconnaitre que devenir mère n’est pas inné, que cela passe par une période d’inconfort, d’incompréhension, de recherche, c’est permettre à chaque mère de s’incarner dans son nouveau rôle comme elle le sent. Si cette transition se passe bien, toutes les chances sont du côté de l’épanouissement de la maman et de sa famille sur le long terme.
Et quand on est en plein dedans, que faire??
- En parler : ne pas hésiter à en parler à des amies, des femmes de ton entourage. Ou même une sage femme, une ostéopathe, une préparatrice à la naissance. Et pourquoi pas consulter un psychologue pour déposer cela en étant aidé d’un professionnel. Tu t’assurera ainsi que ce n’est pas une dépression du post-partum.
- Ne pas hésiter à demander de l’aide, à décrire ce que tu vis pour que l’autre sache la difficulté que tu rencontres. Se faire aider durant cette période délicate est totalement justifié et normal dans beaucoup de sociétés. Pas mal de cultures prônent le fait que la jeune accouchée doit rester allongée 40 jours après la naissance. Elle ne doit rien faire d’autre que s’occuper de son bébé. Les femmes, les proches s’occupent de tout le reste et surtout d’elle! Tu le mérites aussi! Se faire aider ne veut pas dire être faible ou incapable d’être une bonne mère. C’est plutôt le devenir plus tranquillement! Demander de l’aide c’est prendre en compte ton état du moment. Tu agis en femme responsable qui souhaite se préserver au mieux et préserver son bébé. N’hésite pas une seconde si tu en ressens le besoin! Je t’accompagne grâce au coaching Matrescence.
- Garder en tête que cela ne va pas durer, qu’à l’issue de cette période ingrate, va éclore un nouveau toi. Une nouvelle femme composée de celle que tu as toujours été, plus forte, plus sensible, plus aimante, plus incarnée, plus ancrée dans la vie!
Et pour l’entourage?
Que cela soit lors d’une visite à la maternité, à la maison ou au quotidien, l’idée est de faciliter la vie de la jeune maman sans jugement. On l’aura compris, elle peut être déboussolée, déconnectée de la réalité qui l’entoure. Focalisée sur son bébé et tiraillée avec ses pensées contradictoires. Dans ce contexte, on imagine facilement que faire 3 repas par jour, tenir le rythme des lessives, aller faire une balade quotidienne, répondre à ses besoins de bases n’est pas forcément à sa portée de la même façon que d’habitude. Ce n’est pas de la mauvaise volonté, tout cela est en pleine mise en place!
Alors pour aider une jeune mère, rien de tel que de gérer les tâches quotidiennes, lancer une machine, faire les courses, passer l’aspirateur. Encore mieux, la maman en devenir à besoin que l’on prenne soin d’elle, comme elle prend soin de son bébé. Lui offrir un temps pour elle en gardant son bébé un moment. Lui offrir un massage, lui servir une tisane chaude avec un fruit, un biscuit, lui faire un soin… L’attention portée sur elle pendant toute la grossesse se déporte sur le bébé une fois la naissance passée. Alors qu’elle aussi naît à nouveau, en devenant mère.
La deuxième chose que l’entourage peut faire pour aider à traverser la Matrescence est de se soucier du moral. Chercher à savoir comment va la maman sincèrement. L’écouter avec une oreille attentive sans donner son avis, émettre un jugement ou un conseil est un vrai cadeau en or à offrir à une jeune maman. Cela n’est pas évident pour tout le monde. Mais si tu te sens assez d’écoute et d’empathie pour créer cette opportunité d’expression à une maman, n’hésite pas. Le sentiment d’être écoutée et comprise est un réel soutien pour elle!
Ta Matrescence? C’était comment?
Alors, est ce que la notion de Matrescence te parle? La reconnais-tu dans ce que tu as pu vivre à la suite de la naissance de ton ou tes enfants? Partage moi ton ressenti en commentaire!