Ça y est j’ai osé ! Osé vous parler de la Communication Non Violente (CNV), dont je fais moi même l’expérience depuis 6 ans maintenant. Je dis « osé » car j’écris ici avec beaucoup d’humilité. Je suis toujours sur le chemin de l’apprentissage de cet outil de communication pacifique ! Mais j’ai découvert assez de sa puissance (et de ses limites !) pour partager avec toi mon expérience !
Pour la petite histoire, je me suis longtemps considérée comme une handicapée des émotions, trop sensible, trop introvertie pour les exprimer… Alors la découverte de la CNV à été comme une grande fenêtre qui s’ouvre et laisse la tempête la traverser, les rideaux au vent, trempés… Je suis venue à la CNV pour tenter de rendre constructives les disputes que nous avions avec mon compagnon… Nous avons fait notre premier stage ensemble. C’était sans soupçonner tout ce que j’allais y découvrir sur moi-même et les possibilités qu’offrait cet outil. La CNV s’est révélée d’un secours sans pareil avec mes enfants et encore plus ceux que j’accompagnais dans ma classe Montessori âgés de 2 ou 3 ans. Cela m’a aidé à avancer ensemble avec mes collègues, ma famille parfois… Et puis j’en ai testé les limites aussi. Je t’en reparle en fin d’article !
Dans cet article nous allons voir ce qu’est la CNV, ses 4 grandes étapes illustrées de beaux exemples, qui sentent bien le vécu avec un enfant et un adulte à chaque fois ! Je te confierai là où la CNV ne m’a pas aidé. Et enfin tu auras plein de ressources pour approfondir ton apprentissage si tu le souhaites !
C’est quoi la CNV ?
La CNV ou Communication Non Violente est une façon de communiquer qui permet de se respecter soi-même tout en respectant son interlocuteur. C’est un formidable outil pour traverser les conflits sans rentrer dans la violence verbale, l’autoritarisme, ni le déni de soi… La CNV a été créé par le psychologue américain Marshall Rosenberg, décédé en 2015. Il a écrit de nombreux livres, était le directeur du Centre de Communication Non Violente et donnait des conférences à travers le monde…
Son credo à travers la CNV ?
« Pour être écouté, il faut savoir exprimer ses besoins. » ou « Les jugements que nous portons sur les autres sont l’expression tragique de nos besoins non satisfaits. »
M.Rosenberg
En développant le « langage du cœur« , la CNV permet d’éviter les disputes tout en entrant en contact avec nos besoins profonds. Elle crée une discussion apaisée qui favorise la bienveillance naturelle qui est en nous ! Ça fait rêver ! Qui n’a pas envie de vivre un peu de cela dans sa vie de famille, et ailleurs ?
Les 4 étapes de la CNV
Pour comprendre ce qui se cache de très concret derrière ces 3 lettres, je t’invite à partir du principe que lorsqu’une situation te pousse à t’exprimer il y a 4 facteurs à considérer : LES FAITS, puis TON RESSENTI, puis TON BESOIN et enfin TA DEMANDE. Ces 4 facteurs sont les 4 étapes successives à traverser pour t’exprimer de façon « non violente« .
1. L’état des lieux
Quand on vit une situation qui nous pose problème, on a tendance à se laisser embourber ou embarquer dans l’émotion qu’elle nous provoque. Typiquement, si tu avais demandé à Chéri Doudou d’étendre le linge et que tu constates en fin de journée que la machine contient toujours le linge humide; la colère, (le désespoir ?) s’empare de toi en 1 fraction de seconde. Je compatis ! Pour autant il est primordial de passer par la case « états des lieux », histoire de bien camper le décor.
Voilà les faits : le linge est resté dans la machine à laver, ma demande n’a pas été prise en compte. Et c’est tout, ce sont les faits neutres sur lesquels tu vas pouvoir légitimement baser ton discours envers Chéri Doudou. À cet étape, il est bienvenue de bannir les mots « encore », « toujours » et « jamais ».
Tu imagines bien que dire à ton enfant : « Ta chambre n’ est JAMAIS rangée ! Tu attends TOUJOURS que je te tombe dessus pour t’y mettre ! » ne donne pas les mêmes chances à la résolution du problème que le simple constat « Je vois que c’est le bazar ici.«
Avec un adulte… Tu vois bien que : « Le linge est encore dans la machine ! Tu ne m’écoutes jamais ! » ne permet pas une résolution du conflit autant que : « J’ai vu que la machine était encore pleine. »
Si le ton de voix est vraiment posé et sans l’arrière goût amer de la colère, cette petite phrase peut suffire à rappeler ton besoin à ton interlocuteur ! Si si, ça peut arriver ! Mais allons plus loin pour bâtir solidement une compréhension mutuelle à long terme !
2. L’émotion
Rester neutre sur la situation ne veut pas dire nier ton émotion. Mais la situation n’est en rien responsable de l’émotion que tu ressens. C’est plutôt ton besoin non satisfait qui provoque en toi toutes sortes d’émotions. Donc quand tu t’exprimes avec colère envers la situation ou ton interlocuteur, tu te trompe de de sens. Le responsable de ton émotion n’est pas à chercher à l’extérieur (l’autre, la situation, la vie, la météo, la pleine lune…) mais en toi. C’est ton besoin non satisfait qui t’envoie un signal à travers une émotion. Tu me suis?
Faisons déjà connaissance avec l’émotion véritable qui te traverse, afin de mettre le doigt sur ce qui se passe en toi et surtout pouvoir l’exprimer précisément à l’autre… Plus ton émotion sera précise, plus ton interlocuteur aura de chances de te comprendre et donc de t’écouter ! C’est bien notre but, être écouté, considéré.
Il y a les émotions de base :
Colère, joie, tristesse, honte, surprise, peur, dégoût. Mais notre belle langue française est si riche que nous avons des dizaines de mots pour préciser ce que nous vivons à l’intérieur et qui ne se voit pas toujours. S’imprimer une roue ou un tableau des multiples émotions possible t’aidera à comprendre ce que tu vis vraiment.
Une fois la clarté faite il ne te sera que plus facile de le dire simplement à l’autre. » Je suis en colère », » Je suis déçue que la machine n’aie pas été vidée comme je te te l’avais l’avais demandé.« , « Je suis fatiguée, lassée de cette situation », « Je me sens négligée, blessée… »
A ce stade il est impératif de parler en « JE » afin d’éviter le « TU » qui tue ! « Tu m’as blessée », « Tu me fatigues! » , » Tu oublies et ça me met en colère » coupent le lien que l’on cherche à maintenir lorsque l’on décide de résoudre un conflit ou une situation qui nous pose problème. Commencer chacune de ses phrases par » Je » c’est parler de soi sans accuser l’autre. C’est être responsable de ce que l’on vit et le partager avec l’autre. Cela permet aussi de rester dans une position d’ouverture et d’accueil.
À la prochaine discussion conflictuelle, tente de commencer tes phrases par « JE » et tu verras déjà une différence!
Pour t’aider à mettre le doigt sur ce que tu vis, arpente cette liste d’émotions et n’hésite pas à t’y référer lorsque l’émotion t’envahit et que ton esprit s’embrouille. Cela te permet de faire une pause pour prendre un peu de recul et arriver à discuter de façon plus posée plutôt que de tomber dans le piège de l’attaque réactionnelle! Se coller une roue des émotions sur le frigo peut être un bon moyen de se familiariser avec toutes les nuances d’émotions que notre fabuleuse existence humaine nous propose! Et toute la famille peut en tirer quelque chose, enfant comme adulte.
On reprend nos exemples précédents…
Avec mon enfant :
La situation : La chambre de mon enfant est un bazar sans nom : « Je vois que c’est le bazar ici. »
L’émotion : le découragement : « Je me sens découragée quand je vois ta chambre en tel état. »
Avec mon conjoint:
La situation : La machine est encore pleine du linge humide: « J’ai vu que la machine était encore pleine. »
L’émotion : agacement : « Je me sens agacée lorsque je vois la machine encore pleine du linge humide. »
À ce stade, il est temps d’exprimer ton besoin.
3. Le besoin
Une fois la situation et ton émotion définies, il est temps de regarder quel besoin insatisfait se manifeste derrière ton émotion. Car, je te le rappelle, une émotion n’est rien d’autre qu’un message te signalant qu’un de tes besoins à grandement besoin d’être pris en compte, et satisfait. Écouter cette émotion de façon constructive et efficace, c’est voir quel besoin elle désigne.
Trêve de bla-bla, laissons nos deux exemples parler d’eux mêmes :
Avec mon enfant : Mon découragement peut m’indiquer que mon besoin d’ordre, d’harmonie ou même de soutien dans le rangement de la maison n’est pas respecté : « J’ai besoin d’ordre pour me sentir sereine et pleine d’énergie. »
Avec mon conjoint : Mon agacement peut m’indiquer que mon besoin de coopération ou d’attention n’est pas assouvie : « J’ai besoin de sentir que nous collaborons pour réaliser les tâches du quotidien. »
Là encore avoir une liste des besoins humains fondamentaux que nous partageons tous va te permettre de trouver ce dont tu as vraiment besoin. C’est déjà très salvateur pour soi-même de savoir ce dont on a besoin. Mais c’est encore plus pertinent quand on en fait part à l’autre. Cet autre en recevant cette information va te comprendre et potentiellement rentrer en empathie pour ce que tu vis. Le lien est toujours maintenu. Tu viens de poser des bases solides et sereines pour poser ta demande face à cette situation.
4. La demande
Si tu te lances dans tout ce cheminement intérieur, c’est que tu souhaites sincèrement que la situation évolue, que les choses bougent pour mieux les vivre. Et pour que la situation s’améliore concrètement, il est nécessaire de communiquer ce que tu souhaites. En faisant une demande d’action à l’autre, tu PROPOSES une résolution qui concerne l’instant présent, concrète, négociable et réalisable. Négociable car une demande se termine par un point d’interrogation qui doit être perçu dans ton intonation. Une demande peut récolter un NON ou un OUI, comme une NÉGOCIATION. Ce n’est jamais une exigence.
Afin de t’assurer que ta demande soit belle et bien entendue, assure toi que l’autre est prêt à t’écouter : « Je voudrais savoir si j’ai été claire, peux tu me dire ce que tu as compris? » ou « Maintenant, est ce que tu serais d’accord pour me répéter ce que j’ai partagé avec toi pour voir si j’ai été claire? »
Ainsi tu sauras si vous vous êtes compris et avez saisi la situation de la même façon. On pense souvent que c’est évident pour l’autre comme ça l’est pour nous, mais en réalité nous avons tous notre sensibilité et notre carte du monde!
Une fois que l’interlocuteur à reformulé ce que tu lui as confié et que tout est au clair, tu peux énoncer ta demande.
Voilà ce que cela pourrait donner dans nos deux exemples :
Avec mon enfant: « Je vois que c’est le bazar ici. Je me sens découragée quand je vois ta chambre ainsi. J’ai besoin d’ordre pour me sentir sereine et pleine d’énergie.Qu’est ce qu’on pourrait faire pour que chacun de nous se sentent bien? Est ce que tu serais d’accord pour ranger ta chambre un bon coup une fois par semaine? »
Avec mon conjoint : « J’ai vu que la machine était encore pleine. Je me sens agacée lorsque je vois la machine encore pleine du linge humide. J’ai besoin de sentir que nous collaborons pour réaliser les tâches du quotidien.Comment peut-on faire pour que chacun de nous se sente bien? Veux tu que l’on revoit l’organisation que nous nous étions fixée?»
Une demande réussie ouvre le dialogue. Si ce n’est pas le cas, allez courage! On garde le lien : « Peux-tu me dire si ce que je te propose te semble une exigence ou une demande de coopération? » L’idée est de garder le lien pour arriver à une résolution qui satisfasse les deux personnes.
C’est loin d’être évident, alors si je ne devais te donner qu’un seul conseil à propos de la CNV, c’est de te focaliser avant tout sur toi, ton ressenti, ton besoin et de t’envoyer des ondes d’amour pour tout le temps nécessaire à accueillir ton émotion. Si tu arrives déjà à comprendre ton émotion et à savoir quel est le besoin qui se manifeste en dessous, tu te sentiras déjà tellement soulagée de prendre conscience de ce qui t’arrive, plutôt que de te laisser balloter par tes émotions! Cela s’appelle l’auto-empathie. C’est se comprendre et reconnaître nos émotions et nos besoins comme légitimes. Alors avant de s’adresser aux autres, apprends à te connaître toi-même. Tu auras débroussaillé le chemin d’une communication pacifiée.
Les limites de la CNV
Cet outil fabuleux a de grands pouvoirs, mais aussi ses limites et points de fragilité. Je partage ici avec toi mon expérience de femme, de mère et d’éducatrice Montessori.
Mes émotions m’envahissent
Quand je suis encore prise dans mes émotions rien ne sert d’aller entamer une discussion avec l’autre. Il vaut mieux choisir de reporter la discussion à un moment plus calme pour toi. En attendant, tu peux te donner de l’auto-empathie ou trouver une personne ressource pour vider ton sac et t’aider à y voir plus clair. Et ne t’inquiète pas, la CNV se conjugue très bien au passé : « L’autre jour quand ta chambre était en désordre, je me suis sentie…… J’avais besoin de……. Penses-tu pouvoir……? «
Lorsque nos émotions sont fortes et récurrente il est grand temps de s’accorder une pause, de prendre du temps pour soi. C’est une des bases essentielle pour garder un niveau de stress bas, une bonne estime de soi et une capacité à communiquer avec les autres. Pour t’y aider j’ai créé un Cahier pour cultiver ta paix intérieure. Pour te le procurer c’est ici (il y a un super cadeau dedans!): Mon cahier pour cultiver ma paix intérieure !
L’autre ne semble pas comprendre ta nouvelle langue…
Ton interlocuteur ne s’ouvre pas à ce genre de dialogue très authentique ? Si c’est un adulte, il n’a peut être pas reçu en héritage un modèle de résolution de conflit non violente et ses repères sont brouillés. Patience et persévérance seront tes alliés, car s’exprimer par la CNV crée un climat d’ouverture dont l’autre finira sûrement par se saisir. Faire un stage découverte le temps d’un week-end ou lire ensemble un livre expliquant la CNV peut aider à débloquer le dialogue.
Si c’est un enfant qui ne semble pas comprendre ta nouvelle langue « peaceful », pourquoi ne pas apprendre ensemble à découvrir cet outil ? Il existe de nombreuses roues des émotions et des besoins pour aider l’enfant à découvrir ce qui se passe en lui. Un jeu que nous adorons chez nous est un Memory des émotions dessiné par une illustratrice très douée ! L’approche ludique pour découvrir les émotions facilite la discussion, et permet facilement de se les approprier.
Ressources à consulter pour aller plus loin
- Le site officiel de la CNV en France ou tu trouveras toutes les dates des stages à venir pour expérimenter la CNV en groupe ! Je te recommande! https://www.cnvformations.fr/
- Le livre de Marshall Rosenberg « Les mots sont des fenêtres »
- Un plus petit livre facile et rapide à lire » Nous arriverons à nous entendre ! » aux Éditions Jouvence. Il y en a d’autres sur la CNV dans la même collection.
- Clique ici pour choisir ta liste d’émotions à imprimer et afficher !
- Clique ici pour choisir ta liste de besoins à imprimer et afficher.
J’espère que cet article t’aura donné un aperçu assez concret de ce que peut t’apporter la CNV dans ta vie de tous les jours. N’hésite pas à me partager ton expérience si tu pratiques déjà !
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